Treize États conservateurs des États-Unis s’étaient dotés de « lois gâchettes » (trigger laws) qui entreraient automatiquement en vigueur si la Cour suprême changeait de jurisprudence à propos de l’avortement. Le 24 juin, le Missouri a eu l’honneur de tirer le premier : désormais, une interruption volontaire de grossesse y est passible de cinq à quinze ans de prison.

À dire vrai, avec un esprit remarquable d’anticipation, cet État du Midwest faisait déjà des cartons sur les femmes s’offrant le plaisir d’avorter. Pour éviter tous les tracas qu’on leur inventait, beaucoup préféraient traverser la rivière Missouri et se rendre dans l’Illinois voisin où les règles étaient moins sévères.

Les Américains qui veulent bannir l'IVG au nom de la vie sont souvent les mêmes qui défendent mordicus le droit de posséder des armes à feu et de s’en servir

Des Américains veulent bannir l’interruption de grossesse parce que la vie est « sacrée ». Ce sont souvent les mêmes qui défendent mordicus le droit de posséder des armes à feu et de s’en servir. Le gouverneur républicain du Missouri, Mike Parson, est de ceux-là : sous peine d’une amende de 50 000 dollars, il vient d’interdire à tout fonctionnaire local d’appliquer une disposition fédérale sur les armes à feu qui serait contraire à la législation de l’État. Là aussi, cette fine gâchette a pris les devants, mais peut mieux faire : avec seulement 600 tués l’an dernier, le Missouri n’est encore que médaille d’argent, derrière la Louisiane, pour le taux d’homicides par habitant. 

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